La gestion financière des sélections sportives au Cameroun connaît un tournant majeur avec l'entrée en vigueur de la nouvelle loi des Finances, qui retire cette responsabilité des mains des fédérations sportives pour la confier désormais au Ministère des Sports et de l’Éducation Physique (Minsep). La Fédération Camerounaise de Football (Fecafoot), traditionnellement au centre de cette gestion, se voit dépossédée d'une part essentielle de son pouvoir financier.
Une nouvelle donne pour la Fecafoot
Le changement est radical : la loi, entrée en vigueur le 31 décembre dernier, signe la fin de l'indépendance financière des fédérations sportives. Le gouvernement prend désormais le contrôle des fonds et subventions alloués aux fédérations, une décision qui pourrait redéfinir les relations entre les différentes parties prenantes, à commencer par la Fecafoot.
Longtemps perçue comme un enjeu majeur, la gestion des finances des sélections a souvent été source de tensions entre les fédérations et le Minsep. Les désaccords sur l'affectation des fonds pour les compétitions internationales ont alimenté les critiques et les frictions. Ce transfert de compétence marque un changement de cap pour le gouvernement, qui entend désormais centraliser la gestion de ces fonds au sein du Ministère des Sports.
Un contrôle accru pour le Ministère des Sports
La loi des Finances stipule clairement que « dans le cadre de l’exécution des dépenses relatives à l’organisation des compétitions sportives nationales et à la participation du Cameroun aux compétitions internationales, l’expression des besoins est faite par les Présidents des Fédérations sportives. Les fonds y afférents sont mis à la disposition du Ministre chargé des sports, qui en assure la gestion ». Ce passage met en évidence le rôle central du Minsep, qui devient l’acteur clé dans la gestion des finances liées aux sélections nationales.
Un signe de victoire pour Narcisse Mouelle Kombi ?
Certains analystes y voient une petite victoire pour Narcisse Mouelle Kombi, actuel ministre des Sports, dans son bras de fer avec Samuel Eto’o Fils, président de la Fecafoot. Bien que cette réforme semble remettre les clés de la gestion financière entre les mains du Minsep, la question de la légitimité de cette réforme demeure. En effet, certains observateurs soulignent que le décret de 2014, qui organise la gestion administrative des sélections nationales, n’a pas été abrogé. Ce décret pourrait ainsi constituer un rempart pour la Fecafoot, en l'exemptant partiellement de cette nouvelle loi des Finances.
Les enjeux à venir
Au-delà de cette victoire politique, la question du financement des compétitions et de la gestion des fonds liés aux sélections nationales pourrait continuer à diviser les acteurs du sport camerounais. La Fecafoot devra peut-être trouver de nouveaux mécanismes pour influencer ou négocier la gestion des fonds qui lui sont alloués. Quant au Minsep, il devra démontrer qu’il est capable de gérer efficacement ces ressources et de garantir une transparence totale dans l'utilisation des fonds publics.
Dans ce contexte, la réforme ouvre la voie à une gouvernance plus centralisée, mais elle pourrait aussi soulever des interrogations sur l'indépendance des fédérations sportives et sur la capacité du gouvernement à gérer de manière optimale les fonds destinés au sport. Il ne reste plus qu'à attendre les premiers effets de cette nouvelle organisation.
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